Application des DTU pour canalisations d’eaux usées

Avez-vous déjà été incommodé par des odeurs nauséabondes ou un refoulement de vos canalisations ? Ces désagréments, souvent coûteux, sont fréquemment dus à une installation non conforme. C’est là que les Documents Techniques Unifiés (DTU) entrent en jeu : ils sont le socle d’une plomberie pérenne et sécurisée, respectant les normes canalisations eaux usées.

Ce guide complet vise à éclairer professionnels, étudiants en BTP et particuliers sur l’application des DTU aux canalisations d’eaux usées. Nous décortiquerons les principaux DTU concernés (DTU 60.11 plomberie sanitaire et DTU 60.33 assainissement non collectif), leurs exigences et leurs implications, pour vous aider à garantir la durabilité, la performance et la conformité de vos installations d’assainissement individuel normes.

L’importance des DTU pour les canalisations d’eaux usées

Les DTU définissent les règles de l’art en construction et travaux publics en France. Un DTU est un cahier des charges précisant les conditions d’exécution des travaux, les matériaux et les méthodes à respecter. Leur rôle est de normaliser, sécuriser et garantir la qualité des installations de plomberie DTU dans le temps.

Le respect des DTU est fortement recommandé pour plusieurs raisons. Il permet de se prémunir contre les malfaçons et les litiges, de bénéficier de la garantie décennale et d’assurer la conformité des installations aux exigences réglementaires en vigueur pour une installation canalisations eaux usées DTU.

Le respect des DTU est essentiel pour les canalisations d’eaux usées, car elles posent des défis uniques en matière de santé publique, d’environnement et de pérennité du bâtiment. Une installation défectueuse peut entraîner :

  • Des enjeux sanitaires majeurs : prolifération bactérienne, contamination des eaux potables.
  • Des enjeux environnementaux préoccupants : pollution des sols et des nappes phréatiques.
  • Des enjeux techniques coûteux : obstructions, corrosion, usure prématurée des canalisations.

Parmi les nombreux DTU, les plus importants pour les canalisations d’eaux usées sont le DTU 60.11 (plomberie sanitaire pour bâtiments) et le DTU 60.33 (installations d’assainissement non collectif – ANC). D’autres peuvent s’appliquer selon le contexte, notamment ceux relatifs à l’évacuation des eaux pluviales.

Zoom sur le DTU 60.11 : plomberie sanitaire pour bâtiments

Le DTU 60.11 est la référence pour des installations de plomberie sanitaire conformes. Ce document définit les règles de l’art pour la conception, la mise en œuvre et la maintenance des installations. Son application est essentielle pour la sécurité, la performance et la pérennité des installations de plomberie.

Domaine d’application du DTU 60.11

Le DTU 60.11 s’applique à tous types de bâtiments : résidentiels, commerciaux ou industriels. Il couvre un large éventail d’installations, de l’alimentation en eau potable à l’évacuation des eaux usées, en passant par la ventilation des canalisations. Il concerne les maisons individuelles, les immeubles collectifs, les bureaux, les usines et les hôpitaux.

Matériaux et composants : choix et mise en œuvre

Le choix des matériaux est crucial. Le DTU 60.11 précise les caractéristiques techniques des matériaux et les règles de mise en œuvre pour garantir leur durabilité. Par exemple, la température maximale pour le PVC est de 60°C, tandis que le PEHD peut supporter jusqu’à 80°C.

Types de matériaux

Les matériaux courants pour les canalisations d’eaux usées incluent le PVC, le PEHD, la fonte et l’acier inoxydable. Leurs avantages et inconvénients doivent être considérés selon l’usage, la température, la résistance chimique et la pression. Les nouveaux matériaux, comme le PP silencieux, réduisent les nuisances sonores.

  • PVC : Léger, économique, mais moins résistant aux hautes températures. Idéal pour les installations domestiques courantes.
  • PEHD : Plus résistant aux chocs et aux températures que le PVC, mais plus coûteux. Adapté aux canalisations enterrées et aux environnements agressifs.
  • Fonte : Très résistant à la corrosion et au feu, mais lourd et plus difficile à installer. Privilégié pour les immeubles collectifs et les installations industrielles.
  • Acier inoxydable : Inerte chimiquement, durable, mais le plus cher. Recommandé pour les applications spécifiques nécessitant une hygiène irréprochable.

Il est impératif de s’assurer que les matériaux portent les marquages NF ou CSTB. Les tubes PVC certifiés NF, par exemple, doivent répondre à des exigences strictes en matière de résistance mécanique et de tenue au feu. Il faut vérifier la compatibilité chimique des matériaux pour éviter la corrosion.

Assemblage des canalisations

L’assemblage est délicat et nécessite un savoir-faire spécifique. Le DTU 60.11 détaille les techniques (collage, soudure, vissage, emboîtement) et les recommandations. Il est essentiel de préparer les surfaces, de choisir les colles et produits adaptés et de respecter les temps de séchage. Pour le collage, une colle spécifique doit être appliquée uniformément. Une pression constante est nécessaire pendant le séchage.

Le respect des diamètres et des pentes minimales est primordial pour l’écoulement et éviter les obstructions. Le DTU 60.11 précise les diamètres minimaux selon le type d’appareil et le débit. Une pente minimale de 1% est recommandée pour les canalisations horizontales. Pour les canalisations enterrées, une protection contre les chocs et la corrosion est indispensable (gaines ou revêtements spécifiques).

Dimensionnement des canalisations : un facteur clé

Un dimensionnement correct est essentiel pour éviter engorgement, refoulement et odeurs. Le DTU 60.11 fournit les méthodes de calcul pour déterminer les diamètres en fonction des débits. Le dimensionnement doit tenir compte des caractéristiques du bâtiment, du nombre d’occupants et des appareils.

Principes de base du dimensionnement

Le dimensionnement repose sur le calcul des débits de pointe : les débits maximaux susceptibles d’être évacués. Deux méthodes existent : la méthode forfaitaire (valeurs forfaitaires) et la méthode probabiliste (probabilité d’utilisation simultanée des appareils). Les coefficients de simultanéité, utilisés dans la méthode probabiliste, tiennent compte du fait que tous les appareils ne sont pas utilisés en même temps.

Les abaques et les logiciels de dimensionnement simplifient les calculs. Les abaques déterminent rapidement les diamètres selon les débits et les pentes. Les logiciels réalisent des calculs complexes et simulent le fonctionnement des installations. Un logiciel permet de tenir compte des pertes de charge et de vérifier la pression disponible.

Erreurs de dimensionnement courantes et leurs conséquences

Un sous-dimensionnement entraîne engorgements, refoulements et odeurs. Un sur-dimensionnement augmente les coûts, entraîne une perte de charge excessive et favorise la stagnation des eaux. Le sous-dimensionnement peut causer des refoulements dans les appareils, posant des problèmes d’hygiène. La stagnation favorise la prolifération bactérienne et les odeurs.

Il est crucial d’appliquer les méthodes du DTU 60.11 et de vérifier que les diamètres sont adaptés. Une erreur courante consiste à négliger les coefficients de simultanéité. Dans un immeuble, il est peu probable que tous les occupants utilisent leurs douches simultanément. Le DTU 60.11 préconise donc d’appliquer ces coefficients.

Ventilation des canalisations : prévenir les désagréments

La ventilation est essentielle pour le bon fonctionnement des installations et pour prévenir le désiphonnage et les odeurs. Le DTU 60.11 détaille les règles pour un système efficace qui équilibre les pressions et évite les remontées d’odeurs.

Rôle de la ventilation

La ventilation équilibre les pressions, évite les désiphonnages et assure l’écoulement. Le désiphonnage se produit quand la pression diminue, aspirant l’eau du siphon et permettant aux odeurs de remonter. La ventilation maintient une pression constante. Une ventilation adéquate est importante dans les immeubles de grande hauteur.

Les dispositifs primaires et secondaires sont indispensables. La ventilation primaire est assurée par la colonne de chute prolongée. La ventilation secondaire est assurée par des by-pass ou des évents de bassin.

  • Ventilation Primaire : Essentielle pour l’aération globale du réseau, la colonne de chute prolongée doit être dimensionnée conformément au DTU et déboucher à l’air libre.
  • Ventilation Secondaire : Nécessaire pour les appareils sanitaires éloignés de la colonne principale, les by-pass et évents de bassin assurent un équilibrage des pressions localisé.
  • Clapets équilibreurs de pression (Ventilation Tertiaire) : Solution alternative pour les configurations complexes, ils compensent les variations de pression ponctuelles.

Types de ventilation

On distingue trois types de ventilation : la ventilation primaire, la ventilation secondaire et la ventilation tertiaire. La ventilation primaire est la plus importante, car elle permet d’évacuer l’air de l’ensemble du réseau de canalisations. La ventilation secondaire permet d’améliorer la ventilation dans les zones où les variations de pression sont importantes. La ventilation tertiaire, quant à elle, est assurée par des clapets équilibreurs de pression, qui permettent de compenser les variations de pression locales.

Les clapets équilibreurs de pression sont des dispositifs mécaniques qui s’ouvrent lorsque la pression dans la canalisation diminue, ce qui permet d’aspirer de l’air et de maintenir une pression constante. Ils sont particulièrement utiles dans les zones où les variations de pression sont importantes, par exemple près des appareils sanitaires à forte demande en eau, comme les douches ou les baignoires.

Matériau Température Maximale Admissible (°C) Pression Maximale Admissible (bar)
PVC 60 16
PEHD 80 (en pointe) 20
Fonte 100 Variable selon le type de joint

Mise en œuvre et contrôle : assurer la conformité

La mise en œuvre et le contrôle sont cruciaux pour garantir la conformité aux DTU et le bon fonctionnement des installations. Ces étapes permettent de vérifier que les travaux ont été réalisés dans les règles, que les matériaux sont conformes et que les installations sont étanches et ventilées. Une attention particulière doit être portée à la préparation du chantier, à l’exécution des travaux et aux épreuves et essais.

Préparation du chantier

La préparation du chantier est primordiale : lire les plans, vérifier les matériaux et protéger les zones de travail. Assurez-vous que les plans sont à jour et conformes au terrain. Une visite du chantier avec le maître d’ouvrage permet d’anticiper les difficultés.

Exécution des travaux

L’exécution des travaux doit être réalisée dans le respect des règles et des consignes de sécurité. Il est important de contrôler la qualité des soudures, des collages et des assemblages, et de s’assurer que les canalisations sont correctement fixées. Le respect des règles de sécurité est essentiel.

Épreuves et essais

Les épreuves et essais vérifient l’étanchéité et la ventilation. L’épreuve d’étanchéité peut être réalisée à l’eau ou à l’air. Elle consiste à mettre les canalisations sous pression et à vérifier l’absence de fuites. Le contrôle de la ventilation vérifie que l’air circule correctement et que les siphons ne se désamorcent pas. L’épreuve d’étanchéité est généralement réalisée à une pression de 1 bar pendant 30 minutes.

Après les travaux, il est important de rédiger un procès-verbal de réception, qui mentionne les éventuelles réserves. Le procès-verbal est une preuve des travaux et permet de faire valoir les garanties. Il doit être signé par le maître d’ouvrage et l’entreprise.

Focus sur le DTU 60.33 : installations d’assainissement non collectif (ANC)

Le DTU 60.33 est dédié aux ANC (systèmes de traitement autonomes des eaux usées), utilisés où le raccordement au réseau public est impossible. Ce DTU encadre la conception, la réalisation et la maintenance de ces installations, afin de garantir leur efficacité et leur respect de l’environnement. L’ANC est une solution privilégiée dans les zones rurales, où le coût du raccordement est prohibitif.

Domaine d’application du DTU 60.33

Le DTU 60.33 s’applique aux ANC destinées à traiter les eaux usées domestiques d’habitations, commerces ou établissements recevant du public. Il couvre les fosses septiques, les micro-stations, les filtres à sable et les lits plantés. Le choix du système dépend des caractéristiques du site, du volume d’eaux usées et des exigences locales.

L’ANC est une solution durable, à condition d’être correctement dimensionnée, installée et entretenue. Une installation mal dimensionnée pollue les sols et les eaux et présente des risques pour la santé publique. Un entretien régulier est indispensable.

Le DTU 60.33 évolue pour tenir compte des avancées technologiques. Les dernières versions intègrent les micro-stations, des systèmes compacts et performants, adaptés aux petites surfaces.

  • Micro-stations d’épuration : Compactes et performantes, idéales pour les petites surfaces et les exigences de traitement poussées. Nécessitent un suivi d’entretien régulier.
  • Filtres à sable : Solution éprouvée et robuste, adaptée aux variations de charges polluantes. Demandent une surface d’installation plus importante.
  • Fosses septiques + Épandage : Système traditionnel et économique, convient aux sols perméables et aux faibles charges polluantes. L’épandage doit être réalisé dans des conditions optimales pour éviter tout risque de pollution.

Points importants à retenir

L’application des DTU pour les canalisations d’eaux usées, en particulier les DTU 60.11 et 60.33, est une condition indispensable pour garantir la durabilité, la performance et la conformité des installations. Le respect des DTU permet de se prémunir contre les malfaçons, les litiges et les problèmes d’environnement.

Il est essentiel de s’informer sur les DTU applicables, de suivre les formations et de faire appel à des professionnels qualifiés. L’application des DTU est un investissement rentable, qui permet d’éviter les coûts liés aux réparations, aux sinistres et aux problèmes de santé publique. Il est également important de se tenir informé des évolutions réglementaires pour mettre en œuvre des installations performantes.

Plan du site